Un jeune photo-reporter Sallois face au cyclone (interview)

26 Avril 2025  | Val de Leyre  | Lolie Gonzalez

Temps de lecture 4 min


Hippolyte, 21 ans, est un jeune étudiant en photographie à Toulouse. En partant à l'île de La Réunion pour un stage, il n'imaginait pas un instant que son projet d'étude allait être plongé dans l'une des tempêtes les plus violentes de l'île de La Réunion. Parti pour réaliser un reportage sur la vie à Mafate, il s'est retrouvé en pleine tourmente du cyclone Garance. Bloqué sur l'île pendant 46 jours, il a troqué son sujet initial pour un photo-reportage poignant sur la réalité des sinistrés.

Tout a commencé avec une alerte reçue sur son téléphone. Il a reçu un signal d'urgence l'informant que l'alerte rouge était déclarée, suivie d'une nouvelle couleur violette, indiquant une intensité plus importante du cyclone. Plus aucun déplacement n'était possible, les secours eux-mêmes étaient immobilisés. "Si tu es en danger, tu es seul", explique Hippolyte. Lui, il a eu la chance d’être hébergé dans une maison solide à Saint-Paul. Mais d'autres, notamment ceux vivant dans des cases en tôle, ont tout perdu.

Des inondations monstres et des vents dévastateurs

La tempête s'est déchaînée en partant de l'ouest. C'est la pluie qui a frappé, transformant les ravines en torrents destructeurs. “Par exemple, à Saint-Paul, il y a 74 ravines qui rejoignent un même point, ce qui fait que toute l'eau s'y retrouve. “Il y a eu jusqu'à deux mètres d'eau dans certaines rues, des voitures, des arbres déracinés comme des brindilles », raconte-t-il. À l'est, c’est le vent qui a réduit en miettes les habitations, avec “des rafales à 234 km/h, du jamais vu”. “Donc il y a des familles qui se sont retrouvées sans toit, sans eau, sans électricité, et ça depuis un mois maintenant.”

Un reportage au plus près des victimes

C'est au lendemain du passage du cyclone que Hippolyte a pris son appareil photo. Il a arpenté les quartiers sinistrés, recueillant des témoignages poignants. "J'ai rencontré une famille qui a passé la tempête sous une table, avec deux nourrissons, après que leur toit se soit envolé. L'eau était en train de monter, c'était dangereux". Son message est clair : “Aidez-les, bordel de merde. Juste des bâches, c’est pas trop demander. “Car ce cyclone a tout détruit sur son passage, laissant derrière lui de nombreuses personnes à la rue.

Pour illustrer l'ampleur du désastre, il a capturé des portraits saisissants : des visages marqués par la porté des dégâts subis par les locaux, “des salles de classe transformées en aquariums où nagent des poissons de 50 cm”. Dans son reportage, il met en lumière des injustices flagrantes, particulièrement l'inaction des autorités face à la détresse des habitants. Pourtant, malgré l'ampleur des destructions, certains n'ont reçu aucune aide concrète, comme des bâches pour protéger leurs maisons. “Les gars de la mairie, les gars des communes, faites des trucs. Ce n’est pas possible.”

La réalité de ce qui a été vécu

Des injustices criantes sont présentes, comme le témoigne Hippolyte : “Des familles n'ont même pas reçu de bâches pour se protéger, alors que la mairie en avait en stock.” “Il y a plein d'injustices comme ça, c'est n'importe quoi. Ça ne doit pas exister ça.” Malgré une préparation accrue, certaines failles se font ressentir : “Les policiers, les pompiers, ils ne peuvent pas y aller. “Ces paroles soulignent une réalité dure : en période de crise, les citoyens se retrouvent souvent abandonnés, sans aucune forme d'assistance, et cela accentue l'injustice sociale.

Ce reportage montre non seulement la catastrophe naturelle, mais aussi la négligence des pouvoirs publics qui laissent les plus vulnérables sans solution, malgré des besoins urgents.On était bloqué pendant une semaine”. “À cause des nombreux dégâts, des arbres arrachés, des ruisseaux inondés qui rendaient l’accès aux routes impossible, même une simple sortie n’était plus possible au vu des dégâts laissés et trop importants. “ J'ai essayé d’aller dans le jardin, mais c’est hyper dangereux parce que, vu les rafales de vent, même si tu te prends un petit caillou… Il y en a qui sont morts comme ça, s’ils sortent.”

Une vocation plus que renforcée

À travers cette aventure qui lui a permis de faire son reportage photo, son idée de raconter plus d’histoires touchantes comme celle-ci s'est confirmée, comme il le dit : “Les infos passent trop vite sur ces catastrophes. Moi, je veux raconter les histoires oubliées, celles qui restent dans le temps.”

Marqué par cette expérience, il souhaite continuer dans cette voie, capter le réel, documenter l’humanité face aux crises. Son dicton est simple et illustre parfaitement son changement de sujet à La Réunion : “Tu voyages tout le temps, tu rencontres des gens merveilleux, et puis t’essaies d’aider.

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